J'ai testé... les anti-stress dans la classe

Dans ma salle de classe, il y a une boîte un peu spéciale avec plein de choses dedans. C'est la boîte à anti-stress ou la boîte à fidgets. En anglais "fidget" est un verbe qui signifie "remuer, gigoter" et "fidget with something" signifie "tripoter quelque chose". Quand avec ma collègue d'espagnol nous avons imaginé cette salle de classe, nous avions constaté que nos élèves avaient toujours quelque chose dans la main. C'était la période où les handspinners étaient à la mode et j'avais pu faire l'expérience pendant une journée, en expliquant aux élèves en début de cours l'utilité première des spinners, de leur efficacité sur la concentration des élèves. Dans notre établissement, les handspinners ont rapidement été interdits parce que les élèves se les lançaient à la figure pendant les récréations.

Cependant, l'idée est restée dans notre tête et nous avons cherché des substituts pour éviter le bruit stressant et agaçant des stylos quatre-couleurs. En discutant avec notre principale adjointe (pour promouvoir le projet de notre salle aménagée) elle a elle-même admis qu'elle avait du mal à rester assise à écouter une formation pendant plusieurs heures et que parfois elle serait prête à "faire tomber mon stylo exprès pour avoir une raison de bouger".

Nous avons commencé par mettre dans cette boîte des balles en mousse à serrer que nous avions trouvé chez action. Ça fonctionnait plutôt bien mais nous n'en avions pas assez. Et nous voulions aussi diversifier les anti-stress proposés. Nous avions entendu parler des cubes anti-stress (ou fidget cubes) mais leur prix nous a freiné pendant un temps. Un jour, mon conjoint est rentré de courses avec six fidget cubes. Il les a trouvé à intermarché, savait que nous en avions vraiment envie et nous les a offert ! Nous les avons donc de suite testé en classe, les balles anti-stress ont perdu de l'intérêt pour une partie des élèves ! Pour enrichir encore la boîte j'ai cherché sur wish d'autres objets qui pourraient servir. J'y ai retrouvé des cubes mais aussi des mini manettes comme celles des jeux vidéos, qui proposent les mêmes choses que les cubes. Ma collègue de son côté a acheté des crayons flexibles que nous ne taillons pas. Les élèves les tordent ou font des nœuds avec. Sur wish toujours, j'ai trouvé des élastiques à doigts. Je voulais que les élèves qui le souhaitaient puissent "tirer" sur quelque chose. L'idée une fois encore était de proposer des objets qui s'utilisaient de manières différentes. Enfin, on a ajouté les billes à faire glisser dans les tubes en plastique, toujours de chez wish.

Comme à chaque fois que nous avons introduit quelque chose de nouveau dans notre salle de classe il a fallu réfléchir à sa mise en place et aux règles qui accompagnerait son utilisation. Les balles se sont rapidement abimées et ont aussi été abimées par certains élèves peu soigneux. Il a donc fallu réagir très vite en interdisant parfois pour une courte période l'utilisation des anti-stress. Puis, plus récemment en demandant systématiquement le carnet ou tout autre objet personnel en échange d'un anti-stress. Ca prend plus de temps en fin de cours de vérifier mais ça nous évite des mauvaises surprises.

Pour ma part, j'accueille systématiquement mes élèves à l'entrée de la salle avec la boîte dans les mains. Quand ils passent devant moi pour entrer en classe, ils peuvent prendre un anti-stress. Certains le reposent pendant le cours quand ils n'en ressentent plus l'utilité, d'autres le gardent pour toute la durée du cours et d'autres encore en prennent pendant le cours, parce qu'une activité nécessite plus de concentration ou les stresse davantage. Globalement la quantité d'anti-stress utilisée dépend des classes mais aussi de l'heure de cours et de l'activité proposée (évaluation ou pas, oral ou pas, individuelle ou en groupe...).

Certains élèves ont demandé à pouvoir utiliser des anti-stress dans d'autres cours. Selon les collègues ça a été accepté ou non. D'autres ont acheté leur propre anti-stress. Avec la grande mode du Slime fait maison, nous avons vu pas mal d'élèves en fabriquer et l'amener en classe. De même, on autorise aussi les élèves à prendre une feuille et à "gribouiller" pendant qu'ils écoutent le cours. Il nous arrive de vérifier qu'ils ne sont pas totalement partis dans leur dessin en les interrogeant de manière spontannée.

Globalement l'engouement du début est passé et il est beaucoup plus simple de contenter les élèves par rapport au début de l'année où tous voulaient un anti-stress. Est-ce que nous avons vu une réelle différence sur la concentration ? Oui. Les rares fois où j'oublie de sortir la boîte, ils la réclament (surtout les 6e !) et parfois c'est moi qui donne un anti-stress à un élève quand je constate que son comportement n'est pas le même qu'habituellement. Est-ce que certains élèves en abusent et "jouent" plutôt qu'autre chose ? Oui. Il ne faut pas oublier que ce sont des élèves, pour ma part de 6e et 5e principalement. Forcément, quand on a une balle dans la main, on a tendance à vouloir jouer avec. Surtout quand la prof explique l'utilisation du présent simple et du présent Be+V-ing. Dans ces cas là, je procède de façon simple : un rappel sur l'utilisation correcte de l'objet anti-stress. Si j'ai besoin d'un deuxième rappel alors je récupère l'objet et l'élève n'en a plus de l'heure de cours. C'est en général assez efficace et ça évite que les choses déraillent.


L'objectif de base était que les élèves arrivent à identifier leurs besoins et à y répondre en mettant à leur disposition du matériel adapté. Dans la majorité des cas cet objectif a été rempli et certains élèves ont même développé leur propre technique ou trouvé leur propre outil pour s'occuper les mains en classe. Il va sans dire que je continuerai l'expérience l'an prochain, d'autant plus que les objets anti-stress tiennent dans une boîte ce qui est assez simple à transporter ! 

Commentaires

Articles les plus consultés